L’Asthme Sévère – Tout ce qu’il faut savoir

Asthme Sévère - Définition
Table des matières

L’asthme sévère est une maladie respiratoire chronique qui affecte une minorité de patients, mais peut avoir des conséquences majeures sur leur quotidien. Cette forme d’asthme est plus difficile à gérer et requiert souvent des traitements intensifs et personnalisés. Dans cet article, nous aborderons les caractéristiques de l’asthme sévère, ainsi que les différentes stratégies pour mieux le prendre en charge.

L’asthme sévère est une forme d’asthme qui est difficile à contrôler malgré la prise d’un traitement optimal depuis 6 mois à 1 an. On peut également l’appeler asthme résistant ou asthme difficile.. Les personnes atteintes d’asthme sévère ont souvent des symptômes plus graves, plus fréquents et plus persistants que les personnes atteintes d’asthme léger ou modéré. Ces symptômes d’asthme nécessitent le recours aux traitements d’urgence et aux hospitalisations plus souvent.

C’est vraiment le signe d’un asthme non contrôlé. Il existe aussi souvent une résistance aux corticoïdes avec récidive à chaque arrêt du traitement corticoïde. On parle alors d’asthme sévère cortico-résistant.

Les symptômes de l’asthme sévère peuvent inclure :

  • Une  gêne respiratoire survenant rapidement : à cause du rétrécissement des bronches, le passage de l’air est plus difficile. La respiration devient pénible, notamment à l’expiration ;
  • Une  sensation d’étouffement, d’oppression, de poids sur la poitrine : l’air sort difficilement des poumons et cette sensation peut être angoissante ;
  • Une  toux sèche : la muqueuse qui tapisse l’intérieur des bronches est anormalement sensible à certains facteurs. L’irritation qu’ils entraînent  peut déclencher une toux sèche très invalidante persistant jour et nuit.
  • Une  respiration sifflante : le calibre des bronches étant rétréci, le passage de l’air dans les conduits produit un sifflement au moment de l’expiration.1
  • Une fatigue générale liée à un sommeil perturbé mais aussi à l’effort que représente la recherche d’air.  Les crises d’asthme sont plus fréquentes la nuit et au petit matin mais peuvent persister au réveil . La durée et l’intensité de la crise d’asthme sont variables. Si les symptômes persistent, se répètent fréquemment ou s’aggravent, on parle ​d’ exacerbation.

Ce qui fait la particularité de l’asthme sévère c’est l’association de :

  • Symptômes quotidiens, le jour et la nuit (toux, sifflements, oppression thoracique …),
  • Limitation importante des activités en lien avec l’asthme,
  • Survenue d’exacerbations répétées,
  • Obstruction bronchique lors de la mesure du souffle,
  • Toux sèche chronique.

(1) Source Ameli.fr

Les symptômes de l’asthme sévère peuvent affaiblir physiquement et avoir un impact significatif sur la qualité de vie d’une personne. Les poussées d’asthme sévère peuvent également être dangereuses et même mortelles si vous ne recevez pas rapidement des soins médicaux appropriés. En cas d’exacerbation sévère, n’allez surtout pas seul à l’hôpital ; appelez le 15 ou le 112.

Causes et facteurs aggravants de l’asthme sévère :

Les médecins n’ont pas clairement établi la cause exacte de l’asthme sévère. Il y a cependant des facteurs aggravants connus sur lesquels le médecin ou même le patient lui-même pourra agir :

  • mauvaise utilisation des traitements,
  • allergies, 
  • tabagisme,
  • environnement de vie pollué (moisissures, produits chimiques,  poussière, acariens …).

Certaines maladies associées peuvent contribuer au mauvais contrôle de l’asthme et nécessitent un traitement préalable :

  • Le reflux gastro-œsophagien qui est une remontée acide de l’estomac vers l’œsophage : il aggrave l’asthme en cas d’inhalation de liquide acide dans les bronches.
  • Les maladies du nez et des sinus (rhinites, sinusites, polypes nasaux) qui  aggravent l’inflammation des bronches.
  • Le surpoids ou l’obésité, qui augmentent la gêne respiratoire et accentuent l’inflammation des bronches.1
  • La dyskinésie des cordes vocales : diagnostic différentiel ou comorbidité à un asthme qui pourra être exploré avec un prise en charge ORL et/ou orthophoniste.2

(1) Source Ameli.fr

(2) Source splf.fr

Diagnostic de l’asthme sévère

Un pneumologue ou un allergologue, spécialistes des maladies respiratoires, posent le diagnostic de l’asthme sévère. Le  processus de diagnostic implique plusieurs étapes et peut durer plusieurs mois.

Anamnèse et examen physique

Le médecin commencera par poser des questions sur les antécédents médicaux et familiaux ainsi que sur les habitudes de vie et les circonstances qui peuvent être à l’origine de l’asthme (les facteurs déclenchant). Il s’aidera d’un questionnaire ACT (Asthme Contrôle Test) pour évaluer les symptômes sur une semaine ou 1 mois et leur contrôle.

Il effectuera ensuite un examen physique:

– auscultation au stéthoscope pour écouter les poumons et évaluer la respiration

–  mesure de la saturation en oxygène du sang à l’aide d’un oxymètre placé au bout d’un doigt.

Tests de la fonction pulmonaire ou EFR (Exploration Fonctionnelle Respiratoire)

Le médecin va faire pratiquer des tests de la fonction pulmonaire pour  mesurer la quantité d’air que le patient peut inhaler et expirer, ainsi que la  vitesse à laquelle il peut le faire.

Ces tests comprennent :

  • Spirométrie : Le test de spirométrie mesure la quantité d’air que vous pouvez expirer en une seule expiration forcée et la quantité d’air que vous pouvez expirer en une seconde.
  • Peak flow ou débitmètre de pointe  :  Le  peak flow mesure la quantité d’airque vous pouvez  expirer en une seule expiration forcée, mais il est moins précis que la  spirométrie. Il peut être fait à la maison par le patient lui-même ce qui lui permet de faire une surveillance quotidienne de son état fonctionnel respiratoire. ​
  • Mesure du FeNO : C’est un examen qui permet de mesurer la fraction expirée de monoxyde d’azote et qui permet d’évaluer l’état d’ l’inflammation bronchique . On vous demandera de souffler de façon régulière dans un embout relié à un écran …
  • Test de provocation bronchique :  Un test de provocation bronchique peut être effectué pour évaluer la réactivité  des voies respiratoires à des irritants tels que l’histamine ou le méthacholine.  Cela peut aider à établir si le patient a unehypersensibilité des voies  respiratoires, qui est caractéristique de l’asthme.
  • Tests d’allergie cutanée : Ils peuvent être utilisés pour déterminer si les symptômes de l’asthme sont liés à des allergies. Le médecin peut appliquer des allergènes par micro piqûres sur la peau du patient et surveiller les réactions cutanées.

Diagnostic différentiel

  • Le diagnostic de l’asthme sévère doit également exclure d’autres affections respiratoires qui peuvent présenter des symptômes similaires. Les symptômes telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), la fibrose pulmonaire idiopathique et l’insuffisance cardiaque.

En conclusion, le diagnostic de l’asthme sévère doit être établi par un  médecin spécialiste qui examinera les symptômes. Il effectuera des examens physiques et des tests de fonction pulmonaire. Il procédera également à un diagnostic différentiel pour exclure d’autres affections possibles.

Options de traitement pour l’asthme sévère :

Tout d’abord, il est important de comprendre que le traitement de l’asthme sévère peut être complexe. Il nécessite une approche personnalisée pour chaque patient. Les options de traitement disponibles peuvent varier en fonction de la gravité de la maladie, de la réponse aux traitements précédents et d’autres facteurs individuels.

Les médicaments anti-inflammatoires

Les médicaments anti-inflamatoires tels que les corticostéroïdes inhalés sont souvent le traitement de première intention pour l’asthme non contrôlé. C’est ce qu’on appelle le traitement de fond. Cependant, pour les personnes atteintes d’asthme sévère, ces médicaments peuvent ne  pas être suffisamment efficaces seuls. Dans ce cas, d’autres options de traitement peuvent être envisagées.

Les corticoïdes par voie générale

Les corticoïdes par voie générale sont les médicaments qui agissent le plus rapidement sur un état asthmatique mal contrôlé. Ils ont malheureusement des effets secondaires délétères et parfois durables. Il peut s’agir : sur le court terme de troubles du sommeil et de prise de poids et sur le plus long terme d’ostéoporose, insuffisance rénale, fragilité capillaire, cataracte,  etc … Il s’agira de trouver, avec le médecin, la dose minimale efficace de façon à limiter ces effets indésirables.

Les Biothérapies

Les biothérapies sont une option de traitement relativement nouvelle pour l’asthme sévère. Ce sont des anticorps monoclonaux, des protéines qui fonctionnent en se fixant toujours sur leur cible pour la neutraliser et permettre son élimination.

Les patients reçoivent généralement ces médicaments biologiques par injection sous-cutanée toutes les 2, 4 ou 8 semaines. Il en existe plusieurs sur le marché qui cible des types d’asthme sévère différents. Des pneumologues hospitaliers prescrivent initialement ces traitements, mais un pneumologue libéral peut les renouveler. Il prescrit ces traitements après avoir mené une phase de recherche diagnostique de plusieurs mois.

Les bronchodilatateurs

Les bronchodilatateurs sont un autre type de médicament utilisé dans le traitement de l’asthme sévère. C’est ce qu’on appelle couramment le traitement d’urgence. Ces médicaments aident à détendre les muscles des voies respiratoires, ce qui peut soulager les symptômes de l’asthme. Les patients utilisent les bronchodilatateurs à action rapide pour soulager les symptômes aigus et ceux à action prolongée pour prévenir les symptômes à long terme.

Les bronchodilatateurs pour le traitement de l'asthme sévère

Les aérosols

Les aérosols peuvent faire partie des traitements proposés. Ils associent des bronchodilatateurs et des corticoïdes. Vous pouvez les pratiquer à domicile avec l’aide d’un appareil portatif que vous pouvez louer à la pharmacie.

La thérapie de réadaptation pulmonaire

La thérapie de réadaptation pulmonaire est une autre option de traitement  pour les personnes atteintes d’asthme sévère. Cette thérapie comprend des  exercices respiratoires, de la physiothérapie et des conseils en matière  d’alimentation et d’exercice physique. Elle peut aider à améliorer la fonction pulmonaire, la capacité d’exercice et la qualité de vie des personnes atteintes d’asthme sévère mais elle viendra toujours en complément d’un traitement ​médicamenteux dit de fond.

Dans les cas extrêmes, la chirurgie peut être une option pour les personnes atteintes d’asthme sévère. Il s’agit de la thermoplastie bronchique. C’est une technique endoscopique qui consiste à brûler les parois bronchiques par radiofréquence. Seuls quelques centres hospitaliers en France la pratiquent.

Lire notre article sur les nouveaux traitements de l’asthme sévère
Nouveaux traitements de l’asthme sévères

Vivre avec un asthme sévère 

L’asthme sévère est une forme d’asthme difficile à contrôler, même avec un traitement optimal pris correctement. La gestion de l’asthme sévère nécessite souvent une approche personnalisée en fonction des symptômes de chaque patient.

Dans ce paragraphe, nous allons évoquer les  moyens de gérer un asthme sévère, notamment les changements de mode de vie, les techniques de respiration, les options de traitement et l’importance de travailler en étroite collaboration avec un médecin spécialiste.

Les astuces pour améliorer son quotidien avec un asthme sévère

Il existe plusieurs changements de mode de vie qui peuvent aider à mieux vivre avec un asthme sévère. Ces changements sont :

Éviter les déclencheurs de la crise d’asthme s’ils sont identifiés :

Ce sont  les facteurs aggravants cités ci-dessus. Ils peuvent varier d’une personne à l’autre et peuvent inclure la fumée de cigarette, les moisissures, les acariens, la pollution de l’air, etc. 

  • Éviter le contact avec ces déclencheurs autant que possible peut aider  à réduire la fréquence et la gravité des symptômes. Il ne faudra donc pas hésiter à se séparer des moquettes, tapis, rideaux, à faire la chasse aux fuites d’eau souvent à l’origine de moisissures au  fond d’un placard.
  • N’hésitez pas à télécharger l’application de qualité de l’air de votre région, elle vous permettra d’adapter vos activités en  fonction de la pollution de l’air.
  • Sans oublier bien sûr la pollution intérieure (bougie parfumée, aérosol désodorisant, produit d’entretien, etc…) . Pour ce dernier élément vous pourrez vous faire aider d’un conseiller médical en environnement intérieur -CMEI- (parlez-en à votre médecin)

Maintenir un poids santé

L’obésité est un facteur de risque pour l’asthme sévère. Maintenir un poids santé peut aider à réduire les ​symptômes de l’asthme. N’hésitez pas à en parler à votre médecin et à vous faire aider par un(e) professionnel(le)

Faire de l’exercice régulièrement

L’exercice physique peut aider à renforcer les poumons et à améliorer la respiration chez les personnes atteintes d’asthme. Il est important de travailler en étroite collaboration avec un médecin pour élaborer un plan d’exercice adapté aux besoins de chaque personne. Ne pas hésiter à avoir recours au sport adapté avec un kiné ou un éducateur sportif formé. Ces professionnels peuvent aider à  reprendre une activité physique après une hospitalisation par exemple. Et puis il y a les petites astuces du quotidien qui vous permettront de ne pas oublier votre traitement de fond d’asthme à prendre matin et soir.

  • Placer votre dispositif toujours au même endroit pour être sûre de ne pas l’oublier. Ex : Près de votre brosse à dent.

Techniques de respiration pour gérer l’asthme sévère

Il existe plusieurs techniques de respiration qui peuvent aider à gérer l’asthme sévère. Ces techniques comprennent :

  • La respiration diaphragmatique : Cette technique de respiration implique de respirer lentement et profondément en utilisant le diaphragme, plutôt que de respirer rapidement et superficiellement avec la poitrine.
  • La respiration nasale : Cette technique de respiration consiste à respirer lentement et profondément par le nez, en bloquant une narine à la fois avec le doigt.
  • La respiration avec la lèvre pincée : Cette technique de respiration, consistant à expirer lentement avec les lèvres pincées, peut aider à prévenir l’essoufflement. Les cours de Yoga utilisent notamment ces techniques de rééducation respiratoire.
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